Le moteur de recherche Bing chahuté
Le moteur de recherche Bing chahuté
Le moteur de recherche Bing de Microsoft censure les requêtes en chinois concernant des informations sensibles pour le pouvoir communiste, non seulement en Chine mais dans le reste du monde, a affirmé mercredi un site spécialisé. La firme de Redmond assure que son moteur de recherche Bing ne censure pas les résultats de requêtes effectuées en langue chinoise par des internautes se trouvant à l'étranger. Pourtant, certaines associations non lucratives affirment le contraire. On évoque une « erreur technique » et un « problème d’évaluation » de certains sites selon la compagnie informatique. Microsoft a communiqué ce jeudi 13 février, vouloir désamorcer une polémique qui n'avait pas raison d'être. Son moteur de recherche affiche pourtant d'étranges résultats lorsqu’on utilise certains mots en chinois même depuis les États-Unis ou la France. C’est le site de lutte contre la surveillance du Web chinois Greatfire.org qui le premier, s’est ému d’une possible censure frappant les sinophones utilisant Bing même hors de Chine. Comme on le sait, la Chine reste l’état le plus prompt à surveiller, et surtout à condamner les propos publiés et lus en ligne. Le site Greatfire.org a accusé Microsoft d’exporter à l’international le filtrage des résultats que Pékin impose aux moteurs de recherche sur son territoire. Pour parvenir à cette conclusion, Greatfire.org a comparé les résultats obtenus en faisant une recherche sur Bing.com c’est-à-dire la version américaine du moteur de recherche concernant le terme « freeweibo » qui est un outil pour faire des recherches sur les blogs chinois en contournant la censure en anglais et en chinois. Il s’est alors aperçu que sur la version américaine de Bing, son outil n’était pas référencé lorsqu’il faisait une requête en chinois, mais apparaissait bien s’il lançait la recherche avec des caractères latins selon le quotidien britannique The Guardian.
Pour exemple, en s’intéressant au cas de Bo Xilai, la star médiatique déchue du Parti communiste chinois. Bing accepte de fournir une information complète sur le scandale qui a entouré cet ex-cadre du régime chinois à condition d’utiliser les caractères latins. Si on passe au chinois, il faut essentiellement se contenter de billets de blogs publiés sur le moteur de recherche chinois Baidu ou des articles de la presse officielle sinophile. De fait, la comparaison avec Google qui ne se prive pas d’afficher des liens vers RFI ou la BBC en chinois est peu avantageuse pour Microsoft (capture d'écran). Ces différences troublantes entre Bing et Google n’ont pas empêché Microsoft d’assurer que Bing n’appliquait pas les obligations légales qui ont cours en Chine et en dehors de la Chine selon Stefan Weitz, directeur de Bing chez Microsoft. Il a assuré ce jeudi 13 février, au site américain Business Insider, qu’une erreur technique dans le système avait entraîné la suppression incorrecte de certains résultats relatifs à des mots-clefs cités. « Bing a des critères très élevés en ce qui concerne le respect des droits de l'homme, de l'intimité et de la liberté d'expression » se défend Stefan Weitz sur The Next Web. Concernant Freeweibo, ce responsable reconnaît que pour Bing, ce site était jugé inapproprié à cause de son prétendu caractère « spécialisé ». Après avoir réévalué son contenu, nous avons déterminé que Freeweibo pouvait être réintégré dans les résultats de recherche au niveau mondial affirme Stefan Weitz.
Bien entendu, ces explications n’ont pas du tout satisfait Greatfire.org qui est revenu sur les indications données par Microsoft. Cette fois-ci, nous avons fait une recherche sur Bing.com avec un terme totalement banni sur l’Internet chinois [Freegate: un logiciel pour contourner la censure en Chine, NDLR] et le résultat est sans appel assure ce site. En effet, en utilisant la version chinoise de ce mot, Bing n’affiche absolument aucun résultat à part la phrase : « En raison de restrictions imposées par les lois et réglementations chinoises, les résultats correspondant aux termes recherchés ont été supprimés ». Mais, dans ce cas là, Greatfire.org a interrogé depuis l'étranger la version chinoise du moteur de recherche de Microsoft. La même requête effectuée sur Bing.com renvoie bien des résultats sur la manière de télécharger ce logiciel anti-censure. Satya Nadella est confronté à son premier test majeur en tant que nouveau directeur général de Microsoft. Le moteur de recherche Bing de Microsoft filtre les résultats en langue chinoise à travers le monde, de la même manière comme il le fait en Chine continentale. Si Pékin cherche à étendre sa toile protectionniste pour les populations chinoises des autres pays, et si Microsoft fait des concessions inappropriées selon le Telegraph, elles présenteront pour Mr Nadella comme le premier test public de ses compétences de leadership. Pour pouvoir entrer sur le marché en Chine, Bing s'était associé au moteur de recherche chinois Baidu qui est toujours l'actuel leader en matière de requêtes des internautes. Depuis, Bing a toujours laissé agir la censure chinoise mais jamais au-delà des frontières. Microsoft avait pourtant fait un pas décisif contre la censure en novembre dernier. La firme de Redmond avait pris des mesures pour éliminer les mécanismes d'espionnage sur son service Skype en Chine. Les serveurs de Skype avaient été déplacés du pays pour s'assurer que le gouvernement sino ne puisse censurer la diffusion de mots-clés sur le service de téléphonie numérique. C'est un signe avant-coureur d'un changement pour l'avenir de Microsoft mais aussi pour les grands acteurs de l'Internet.
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